La Turquie, aux carrefours de l’Orient et l’Occident

Se promener dans les rues d’Istanbul, c’est goûter un mélange unique d’histoire, de culture et de gastronomie qui conjuguent, en une étrange harmonie, l’Orient et l’Occident. Les minarets de la Mosquée Bleue dressés fièrement vers le ciel, semblent défier, de l’autre côté du Bosphore, les eaux de la mer de Marmara qui mènent vers l’Europe. C’est ce contraste fascinant qui fait poser la question : la Turquie fait-elle partie de l’Europe ?

Un pont entre deux continents

Géographiquement, la Turquie est un pays transcontinental situé aux confins de l’Europe et de l’Asie. Sa plus grande ville, Istanbul, est d’ailleurs divisée en deux par le détroit du Bosphore, ce qui illustre parfaitement cette dualité. D’un point de vue purement physique, environ 3% du territoire turc se trouve en Europe. Les Orientaux appellent souvent cette zone « l’Europe mineure », mais ce sont pourtant 15 millions d’habitants, soit plus de 18% de la population turque, qui vivent de ce côté du Bosphore.

Une histoire européenne?

Le cœur culturel et historique de la Turquie balance depuis toujours entre l’Orient et l’Occident. L’histoire de l’empire ottoman, qui était basé en Turquie et comprenait de nombreux territoires européens, témoigne de l’ancrage historique de la Turquie à l’Europe. N’oublions pas également que Istanbul s’appelait Byzance, puis Constantinople, avant de prendre son nom actuel. C’était la capitale de l’Empire byzantin chrétien, un descendant direct de l’Empire romain. Il n’est donc pas surprenant que dans l’esprit de beaucoup, la Turquie ait une légitimité européenne.

Obstacle politique : un membre de l’OTAN, mais pas de l’UE

Sur le plan politique, la Turquie a toujours voulu intégrer l’Europe. Membre de l’OTAN depuis 1952, la Turquie a demandé à rejoindre la Communauté économique européenne (prédécesseur de l’Union Européenne) dès 1987. Cependant, les négociations d’adhésion, officiellement commencées en 2005, sont actuellement au point mort, laissant planer des interrogations sur la possibilité de voir un jour la Turquie intégrer l’UE. Parmi les obstacles, des préoccupations concernant les droits de l’homme et la démocratie.

Une perception européenne aux contours flous

La question de l’appartenance de la Turquie à l’Europe dépasse la simple géographie ou le droit international. En effet, elle est également fortement liée aux perceptions et sentiments des citoyens, tant turcs qu’européens. L’Europe est souvent vu par les Turcs comme un idéal de modernité, tandis que pour de nombreux Européens, la Turquie est perçue comme trop différente culturellement pour faire partie de l’Europe.

En conclusion, l’appartenance de la Turquie à l’Europe est un sujet complexe qui, au bout du compte, reste une question de perspective. Geographiquement, historiquement, et dans une certaine mesure politiquement, la Turquie est ancrée en Europe. Cependant, sur le plan culturel et sociétal, de nombreux défis restent à relever dans ce pays qui parvient à conjuguer en lui-même deux mondes si proches et pourtant si distincts.